Le vrai responsable de tout ça, c’est Rémi Giordano. Fearless, sont nouveau roman, est sorti la semaine dernière aux éditions Thierry Magnier. Hugo est recalé aux auditions du spectacle de fin d’année de son lycée. La casteuse, Pauline Mettenmeyer, se retrouve au milieu du scandale et du bad buzz, accusée de grossophobie dans les propos qu’elle a tenus à Hugo. Hugo qui reprend les rennes du spectacle, et peut accomplir son rêve : un hommage à Taylor Swift, façon Broadway. Le tout, écrit comme un teen movie. <3

J’ai adoré ce roman. On y retrouve le style réconfortant de l’auteur : l’importance des odeurs et du goût, des femmes hyper fortes et inspirantes, des garçons qu’on a envie de voir surmonter tous les obstacles, des liens familiaux et amicaux très solides, la passion du cinéma… Pas besoin d’être swiftie (fan de Taylor Swift) pour y prendre goût. En revanche, un effet secondaire possible est… démarrer une mini-obsession pour TayTay.
Pour la présenter (oui, ce blog est pour tout le monde, ici t’as le droit de ne pas connaître Taylor Swift) : c’est une icône de la musique pop qui n’arrête pas de battre des records. Chaque album devient un phénomène culturel, avec une ambiance générale particulière qu’elle appelle une « ère ». D’où le nom de sa dernière tournée : the Eras Tour, un spectacle de 3h où chaque disque est mis en valeur sous forme de tableaux scéniques. The Eras Tour (2023-2024) a le record de la tournée la plus rentable de tous les temps, avec 149 concerts, 10 millions de spectateurices, et une captation sous forme de film.

Perso, je connais assez mal Taylor Swift, à part quelques chansons que j’aime bien. (Demandez-moi pourquoi elle me fait penser à un endroit qui s’appelait Amen Burgers. Si, si, demandez.)
Après avoir lu Fearless donc, je me suis dit : c’est le moment de voir la captation filmique de The Eras Tour. Au moment où j’écris ces lignes il me reste une demi-heure de visionnage mais il fallait absolument que je fasse un billet parce que : WOW. Ce qu’elle fait est impressionnant à tellement de niveaux. Le spectacle vaut le détour, bien au-delà de l’aspect musical (musicalement c’est pas ma tasse de pop préférée). Ce que j’ai vu de Taylor Swift m’a semblé hyper inspirant et j’essaie d’en prendre de la graine. Alors voilà pour vous (et moi) 10 conseils d’écriture inspirés de Taylor Swift et The Eras Tour !
Conseil d’écriture n°1 : sois touche-à-tout
J’adore l’expression « touche-à-tout » et encore plus son équivalent anglais, Jack of all trades. Les différentes Ères de Taylor Swift sont hyper kiffantes à découvrir : plutôt folk, pop énergique, calme, romantique… J’ai mes préférées (je dirais Reputation et Midnight, pour ce que j’ai vu, hihi). Mais découvrir la variété de ce répertoire, c’est juste cool. (Et sur trois heures de spectacle heureusement que ça varie).
Tâter différents styles, jouer avec les codes d’un autre genre, associer un projet à une ambiance particulière, je trouve que cela empêche l’écriture de tourner en rond. C’est une bonne motivation à sortir de sa zone de confort, et ça permet de progresser !
Conseil d’écriture n°2 : les critiques les plus injustes peuvent devenir tes meilleures armes
On est d’accord : c’est dur de gérer la critique quand on écrit. (Je suis toujours très sensible là-dessus, ça peut faire partie de mes freins à l’écriture). Une critique constructive, passe encore : on se dit qu’on va en tenir compte et progresser. Mais une critique seulement méchante et injuste ? Ce serait mieux si ça n’existait pas… Sauf qu’on ne peut pas les empêcher d’exister. Alors comment on fait ?
Plusieurs chansons de Taylor Swift illustrent la résilience, même la vengeance face aux critiques infondées. Look what you made me do est la plus emblématique. Elle fait référence directement au harcèlement mené par les fans de Kanye West et Kim Kardashian (qui l’accusaient de leur devoir sa célébrité, et de se mettre en scène pour jouer la victimisation). Les harceleureuses postaient des emojis serpent sous toutes ses publications, elle réutilise le motif du serpent de façon omniprésente dans le clip. (Merci, Manon, de m’avoir expliqué le lore, je l’avais pas !)
J’avais souvent entendu qu’elle « avait pas de talent et réussissait seulement parce qu’elle est jolie ». J’ai trouvé sa réponse très bien trouvée dans The Man, où elle évoque les critiques sexistes. What I was wearing / If I was rude /Could all be separated from my good ideas and power moves : dans une société sexiste, on reproche à une femme de réussir pour son apparence, alors qu’on ne le reproche pas autant aux hommes, dont on identifie plutôt le talent, la stratégie, etc.
Enfin, c’est encore plus évident dans les paroles d’Anti-Hero, It’s me, hi, I’m the problem, it’s me. Je voyais déjà ces vers partout en tant que meme, heureusement je découvre enfin d’où elles viennent… Je pense que m’inspirer de cette merveilleuse attitude et porter bien haut ce qu’on me reproche est un power-move à tenter.

Conseil d’écriture n°3 : explore même les idées sans importance
Je connaissais pas du tout la Folklore Era. Pendant le show, Taylor explique qu’elle se verrait bien en lady victorienne qui se balade dans la forêt pour ramasser des plantes. Ensuite, elle enchaîne sur Betty, une petite chanson mignonne où James, 17 ans, essaie de reconquérir Betty alors qu’il est allé voir une autre. Sur le papier, franchement, j’aurais pas fait un concept artistique de l’un ni un tube de l’autre, et pourtant, moi, j’ai été emballée.
Alors mon conseil d’écriture est le suivant : même les mini-idées, les concepts à la con ou les inspirations bancales, donne-toi la liberté de les explorer.
Conseil d’écriture n°4 : tout ce que tu ressens peut devenir universel
Là, on va parler de MA chanson préférée : All too well (Taylor’s version). Une ballade de 10 minutes dont je me lasse pas. Elle revient sur une histoire d’amour avec un mec plus âgé qui l’a baladée, l’a trompée et a fait genre rien de tout ça ne comptait… Sauf qu’elle était là, elle s’en rappelle bien, elle sait que ça comptait pour lui, malgré tout ce qu’il prétend.
Perso, j’ai jamais eu ce genre d’expérience, d’histoire, de rupture ni de post-rupture haha. Rien de tout ça ne me concerne et pourtant, la chanson me parle totalement ! Parce qu’elle fait appel à des expériences partagées : regarder les flocons tomber, rouler les cheveux au vent… C’est un tour de force, à mes yeux : transformer quelque chose de profondément personnel en un ressenti universel.

Conseil d’écriture n°5 : identifie ce qui fait l’essence de ton style
Il y a une fine ligne entre ce qui est fondamentalement notre style d’écriture, et ce qui est juste redondant et répétitif. Personne n’en a marre (non non personne) de voir des paillettes sur les costumes de Taylor Swift, ni de l’entendre chanter des chansons d’amour. Comment elle fait pour que ce soit ni répétitif, ni chiant ? Parce que c’est l’essence de son style. Pour moi c’est une question hyper intéressante à étudier, je pense que quand on écrit, on y est forcément confronté à un moment. D’ailleurs c’est une bonne nouvelle d’y être confronté : ça veut dire qu’on a suffisamment écrit pour que la question du style de pose vraiment. : )
Conseil n°6 : écris sans te limiter
Taylor Swift a sorti 15 albums (en comptant les 4 réenregistrements) en 19 ans de carrière… Si t’as pas de questions existentielles liées à ton écriture : écris encore, hihi. Ne te limite surtout pas. Alors évidemment, on n’a pas tous la chance ou la capacité de pouvoir écrire de façon soutenue ou en quantité. Mon propos c’est pas de se mettre la pression pour écrire le plus possible à tout prix, juste de lever les barrières qu’on peut se mettre. Personne n’écrit « trop » tant qu’il y a l’envie, le kif qui va avec.
Conseil d’écriture n°7 : cultive fierté et humilité
Je suis assez fascinée par le naturel (apparent) avec lequel Taylor Swift arrive à concilier ces deux attitudes.
Humble, elle dit directement à son public que c’est grâce à lui qu’elle est sur scène. Grâce au soutien du public, elle a eu la liberté de tester différents styles musicaux, de réenregistrer ses albums, etc. Le soutien (financier aussi évidemment) du public lui permet de faire une tournée qui bat tous les records et dont la mise en scène et la technique sont épatantes.
Pourtant elle n’oublie pas d’être fière. Dans son attitude et dans ses paroles, on entend : je sais d’où je viens, je sais ce que j’ai surmonté.
Pour moi, ça s’applique à l’écriture. Sois humble, apprends à repérer tes piliers et à les choyer. Qui fait ta beta-lecture, hein ? Qui recommande tes textes et t’encourage ? Qui va acheter ton roman en librairie la semaine de sa sortie ? (Celleux qui l’ont fait pour les miens, je vous vois et je vous adore <3).
Et sois assez fier.e pour esquiver les obstacles, les personnes toxiques. Si tu veux écrire une dark romance dystopique qui serait aussi une fan-fiction cross-over entre Madame Bovary et Twilight et que quelqu’un tente de t’en empêcher… C’est ce genre de personnes que tu dois éviter. Tu mérites d’être soutenu.e. On peut toujours améliorer une idée sans la dénaturer, c’est ce que m’ont appris 6 saisons et 71 épisodes de Norbert, commis d’office. (C’est peut-être un sujet d’article pour un autre jour. Si tu veux le lire, viens me rappeler de l’écrire, je suis un peu éparpillée.)

Conseil d’écriture n°8 : partage la lumière que tu reçois
J’ai beaucoup aimé la façon dont, dans The Eras Tour, Taylor met en valeur ses danseureuses. Soit en groupe sur certaines chorés, soit individuellement à certains moments-clés. D’expérience, dans l’écriture, partager ce qu’on a appris ne dévalorise pas notre travail.
Pourtant, ça peut effrayer, d’être solidaire. Notre milieu est très compétitif : plus d’une personne sur deux en France a envie d’écrire un roman un jour, être édité relève de la chance ET du parcours du combattant… Même une fois qu’on est édité, les nouvelles sorties chaque semaine imposent un énorme turnover dans les librairies.
Mais de mon point de vue, c’est en partageant, en se recommandant les uns les autres, qu’on s’enrichit vraiment dans l’écriture. C’est dans une communauté d’entraide que j’ai le plus appris de l’écriture. Aujourd’hui, je lis assidûment les sorties des auteurices que j’apprécie, qui publient dans le même genre que moi, parce que ça continue à m’inspirer. Et bien entendu, c’est ensemble que les auteurices peuvent le mieux défendre leurs droits et l’accès à la culture.
Conseil d’écriture n°9 : apprends ce que veut le public et donne-le lui
Taylor Swift est vraiment trop forte pour ça et The Eras Tour en est truffé d’exemples. Les Ères elles-mêmes, par leur identité visuelle unique, sont attendues par le public qui se réjouit de les voir se dérouler, une par une. Avant, chaque tournée était centrée sur un album, une ère. Et quand les fans ont commencé à dire « et si elle créait la tournée ultime avec toutes les ères ? », c’est exactement ce qu’elle a fait. Comprends le public et apprends ce qu’il veut – puis donne-le à ta manière.

Conseil d’écriture n°10 : sois généreux.se
Franchement moi-même j’hallucine d’avoir tiré 10 conseils d’écriture de ce concert (que je n’ai même pas encore fini de visionner). En écriture comme ailleurs : sois généreux, généreuse. Je pense que si The Eras Tour est si ouf (et fonctionne sur un public si vaste, des Swifties convaincu.e.s à des profanes notoires) c’est aussi parce qu’elle donne sans concessions. On peut pas décemment dire « ouais, bof » quand on voit un show de trois heures de chanson live où l’artiste et toute son équipe se donnent à fond sans temps mort. Il y a plein d’autres choses qu’on peut critiquer, mais pas ça : ce serait juste de la mauvaise foi.
Je pense que ça se sent, quand un.e artiste a envie de donner, et que c’est hyper important. C’est la partie que je préfère dans ce travail : les moments de partage. Des ateliers d’écriture où on refait le monde ensemble aux interventions scolaires pendant lesquelles je découvre l’univers des élèves.
Vous savez qui d’autre est généreux en écriture ? Rémi Giordano : vraiment, Fearless respecte toutes ses promesses. Lisez-le !
Merci d’avoir lu cet article et j’espère que certains de ces conseils vous auront parlé : ).