Je suis passée par là, et peut-être que vous aussi, à moins que ce ne soit pour bientôt… Un premier projet de roman, c’est quelque chose qui marque une vie. Pourtant, le plus difficile n’est pas de le commencer, mais bien d’arriver à le finir ! Au fil des années, j’ai repéré trois erreurs qui viennent à bout de la plus motivée des plumes. Le pire, c’est que tout le monde les fait. Prenez-en conscience et évitez-les, pour venir à bout de votre premier roman.
Première erreur : se relire systématiquement avant d’écrire
Vous avez sauté le pas et vous avez posé dans un beau carnet, ou sur un tout nouveau document Word, le début de votre roman. Vous vous octroyez une pause bien méritée. Le lendemain (ou une semaine plus tard, chacun son rythme!), vous reprenez votre projet. Et là, c’est la première chose que vous faites : relire le début.
Bien sûr, il y a de bonnes raisons de le faire : vous vous remettez dans l’ambiance, vous vous rappelez où vous en étiez. Avec un peu de chance, l’inspiration vous sourit, et vous ajoutez quelques pages à ce premier roman.
Plus tard, votre réflexe est le même : relire depuis le début. Mais là, il vous paraît… Insuffisant. Quelque chose cloche. Vous reprenez votre incipit, reformulez une phrase, déplacez un paragraphe. Il est mieux, plus percutant, c’est celui qu’il vous fallait ! Vous n’avez pas continué votre histoire, mais ça viendra la prochaine fois…
Et la prochaine fois, ça recommence : ce début que vous connaissez si bien et dans lequel vous vous plongez, vous avez encore envie de le faire évoluer. Petit à petit, votre premier chapitre en sera à sa dixième, sa quinzième version… Le deuxième sera toujours un premier jet, et le troisième mettra des mois à voir le jour.
Cette situation vous est familière ?
Oui, il est important de se relire au fur et à mesure, pour garder une unité de style, et éviter les incohérences. Mais selon moi, il faut éviter de se relire depuis le début, et surtout, il faut s’autoriser de temps en temps à ne pas relire. Le plus grand danger qui menace votre premier roman, c’est celui de ne jamais voir le jour. Si vous vous laissez avoir par le perfectionnisme et que vous en oubliez d’écrire, ce sera de plus en plus difficile de vous détacher de votre début !
Par principe, je ne remonte jamais plus de deux pages pour ma relecture d’avant écriture. C’est vers la fin du texte que je relis le début, à l’affût de fils narratifs que j’aurais oubliés, ou d’une épiphanie d’inspiration… C’est d’ailleurs comme ça que Chuck Palahniuk a imaginé le final de Fight Club : bloqué dans son inspiration, juste avant d’écrire la fin, il a relu son manuscrit… La suite est gravée dans notre culture.
À vous de trouver votre équilibre idéal de relecture !


Deuxième erreur : faire de son premier roman un best-seller
Quoi, mais comment ose-t-elle ? Est-ce qu’on ne peut pas s’autoriser un peu de confiance, dans la vie ? Est-ce qu’on ne peut pas croire en ses projets, même les premiers ? Si, bien sûr : attendez la suite.
Écrire votre premier roman dans l’optique claire d’en faire un best-seller présente deux dangers : vous décourager, et passer à côté de votre propre plume.
C’est ce que j’expliquais juste avant : en vous donnant pour objectif d’écrire un best-seller, vous montez la pression. Vous serez à l’affût de ce qu’il faut modifier et changer dans votre roman, pour qu’il soit parfait. Percutant et touchant, original, mais qui parle à tout le monde ; inattendu tout en étant facile d’accès. Écrire un roman, c’est difficile ; le publier demande beaucoup d’ingéniosité et un peu de chance. Quant à devenir best-seller… La chance, essentiellement. Vous mettre cet objectif, c’est prendre le risque de vous décourager en route, et surtout de manquer le plus important : aller au bout de votre roman.
Votre autre ennemi, ce sont les conseils que l’on trouve souvent quand il s’agit d’écrire un best-seller. Oui, ceux-ci sont fondés ! Certains ont analysé les romans et même les films à succès, et en ont tiré des leçons importantes. C’est une véritable recette : le nombre de mots par phrase, le profil des personnages, le type d’arcs narratifs, appliquer les thèmes à la mode selon son époque… Mais voilà : même avec la meilleure recette, qui réussira une pièce montée sans jamais avoir fait de pâte à choux ? Si vous ne faites qu’appliquer une formule sans vous laisser explorer l’écriture, votre roman sera sans âme. Et même si tout est mesurable, ce critère indéfinissable que l’on ne sait pas décrire, c’est ce qui fait qu’un roman va sortir du lot.
Profitez de votre premier roman pour partir à la rencontre de vous-même et de votre plume.
Troisième erreur : dire « j’écris un roman, mais ce ne sera pas un best-seller ! »
« Elle nous mène en bateau, et elle se contredit ! » Non, pas vraiment. Le conseil que je vous donnerai ici n’est pas incompatible avec les autres.
C’est vrai : votre premier roman a très peu de chances de devenir un best-seller. Statistiquement, c’est hautement improbable. Alors, pourquoi le préciser ? Qu’est-ce que vous dites réellement, quand vous donnez cette information ? Imaginez quelqu’un qui présente son enfant : « Voilà Khaleesi, elle adore l’athlétisme, mais elle n’ira jamais aux JO. » Quelqu’un qui vous propose un brownie : « C’est moi qui l’ai fait, mais il ne se vendra pas dans un cinq étoiles. » C’est sûrement vrai, mais qui a besoin de le rappeler ?
Penser à l’après, c’est important. Cela vous donne un but, un cap à maintenir. Avec un objectif, on ne baisse pas les bras (et rappelez-vous, c’est le plus grand danger que vous courez !). Voilà ce que j’ai envie d’entendre des écrivains en herbe… « J’écris un roman pour enfants, j’espère que mes cousines vont être prises par l’histoire. » « J’écris un roman autobiographique : je compte l’imprimer pour l’offrir à mes proches, à mes soixante ans. » « J’écris un thriller, et quand je l’aurai fini, je l’enverrai à quelques maisons d’édition que j’ai repérées. » « J’écris le premier tome d’une saga de fantasy, j’espère que mes lecteurs auront envie de lire le suivant ! ».
N’oubliez pas que (lien) écrire, c’est aussi apprendre à se connaître. Alors, qu’est-ce que vous écrivez ?