Comment écrire un roman ? Je vous raconte Apitoxine
Comment écrire un roman ? Je vous raconte Apitoxine

Comment écrire un roman ? Je vous raconte Apitoxine

Si vous vous êtes déjà demandé.e comment écrire un roman, vous avez sûrement appris qu’il y avait plusieurs méthodes. D’une personne à l’autre, les étapes ne sont pas les mêmes, et parfois, certains conseils sonnent creux… Je ne prétendrai pas vous donner une recette infaillible, ni le guide ultime pour publier un livre. Je propose de vous parler d’Apitoxine, mon nouveau roman, qui sera disponible en librairies dès le 29 mars ! J’espère qu’en vous partageant mon expérience, je vous aiderai à prendre confiance et surtout à vous dire que pour écrire un roman, le plus important est de ne rien lâcher.

1. Première étape pour écrire un roman : avoir une idée

Où trouver son idée pour écrire un roman ? Quels sont les secrets de l’inspiration ? Certains vous diront : « si vous avez une histoire à raconter, elle s’imposera à vous » (j’y crois moyennement). Pour ma part, l’inspiration fonctionne comme un herbier, et c’était particulièrement vrai pour Apitoxine. Je récoltais des idées ici et là : un secret de famille qui empoisonne plusieurs générations, le choc culturel entre le milieu citadin et le milieu rural, un été brûlant et hors du temps, un personnage sylphide, un intérêt pour la sorcellerie, le top 50 du mois d’août 2003 (meilleure playlist au monde), … Tous ces éléments, je les ai laissés sécher entre les pages de mon esprit, pour les conserver soigneusement dans mon herbier mental. Jusqu’à avoir envie de les poser sur le papier.

2. Pour écrire un roman, il faut faire un plan. Ou pas.

Vous connaissez le principe de l’écrivain jardinier, et de l’écrivain architecte ? C’est la croyance selon laquelle certain.e.s ne réussissent à écrire qu’à l’arrache, et d’autres, de façon très organisée. J’ai toujours eu un mode de fonctionnement hybride : j’écrivais au fil de la plume, et, à 75 % de l’écriture de mon roman, j’esquissais un plan pour pouvoir le finir. Pour Apitoxine, j’ai voulu changer de méthode. Pourquoi chambouler une recette qui fonctionne pour écrire un livre ? Parce que l’écriture, c’est fun, c’est du voyage, de l’exploration, du défi. Alors j’ai décidé de construire un plan détaillé pour l’intrigue de mon roman. Cela me semblait même nécessaire, parce qu’il s’agit d’une enquête, d’indices découverts au fil de l’histoire, de la reconstitution en 2020 des événements de l’été 2003… Certes, mon plan semblait un peu brouillon, mais voilà : il existait.

3. Laisser tomber le plan, ou comment écrire un roman quand même

Sauf que voilà : j’avais beau avoir tout prévu, je n’ai pas suivi le plan de mon intrigue. J’ai perdu la moitié de mes notes, j’en ai écrit de nouvelles. Puis, alors que d’un œil je surveillais le déroulé et les péripéties que j’avais prévues, des deux mains, je tapais le manuscrit de mon roman en allant dans une multitude d’autres directions. Ce que j’ai retenu de cette leçon ? Ça valait quand même la peine de faire un plan pour mon livre – sans ça, j’aurais toujours été titillée d’essayer. Une autre astuce d’écriture que j’ai découverte cette fois-ci : pour écrire un livre, pas la peine de le faire dans l’ordre. Oui, oui. J’ai sauté les passages qui m’ennuyaient, écrit des scènes en avance et remplacé d’autres par une simple phrase. Cette expérience était encore plus bordélique que toutes les autres (et pour moi, c’est aussi ce qui rend ce livre spécial).

4. Peu importe comment on écrit un roman, tant qu’on ne perd pas ses sauvegardes

Je suis adepte de la procrastination et en général, je compte sur le sentiment d’urgence pour me forcer à travailler. Pour l’écriture d’Apitoxine, j’ai décidé d’expérimenter différemment : et de n’écrire que si j’en avais envie. Et de la façon dont j’avais envie. Le début de mon roman, je l’ai écrit dans l’application de notes de mon téléphone. Ensuite, j’ai créé un nouveau fichier pour chaque scène, sans me soucier du puzzle à reconstituer. Parfois, je tapais mon manuscrit sur l’ordinateur ; à d’autres moments, je me promenais dehors et dictais la suite grâce à une reconnaissance vocale.

Vous pouvez écrire un livre partout : le bus, le métro, la salle de sport, sous la couette, dans votre bain. Vous pouvez choisir d’écrire à la main, dans le désordre, à l’oral, à la machine… La seule chose qui est indispensable, obligatoire pour écrire un roman : pitié, réalisez des sauvegardes fréquentes. Ne perdez pas votre travail à cause d’une clé USB qui tombe de votre sac ou d’un ordinateur qui refuse de s’allumer.

5. Prendre du recul avant de corriger son premier jet : l’attente fait partie du processus

Pour moi, c’est très important : il faut se donner le temps d’oublier tout ce qu’on a écrit, avant de relire son premier jet d’un œil neuf. À ce stade, Apitoxine n’avait encore qu’un nom de projet (« BzzBzzBzz »), mon roman était dispersé dans une quarantaine de fichiers différents, et moi, j’ai pris quelques semaines pour savourer le fait d’être arrivée au bout du manuscrit une première fois. Le plus dur était fait (pour moi – pour d’autres, ce sont les étapes à venir les plus complexes).

Pendant ce temps, je réfléchissais aux objectifs de mon roman : c’est ce qui permet d’être efficace lors de la réécriture. Je voulais qu’Apitoxine fasse un vrai portrait de la campagne comme moi je l’ai connue, pas comme on l’imagine quand on a grandi en ville. Je repensais aux personnages principaux, à ce qu’ils devaient apporter aux lecteurices : confiance en soi, tolérance, acceptation de nos différences, de nos maladresses. J’essayais de me figurer l’ambiance en roman, l’équilibre entre vacances d’été, découvertes, et mystère. C’est ensuite sur ces objectifs que l’on va revenir lors du travail éditorial !

6. Retravailler son roman : une fois, deux fois, trois fois…

Ici aussi, cela dépend de votre situation, voire de votre entourage : avez-vous déjà pensé à une maison d’édition pour votre roman ? Avez-vous des ami.e.s lecteur.ice.s qui pourraient vous donner leur avis sur votre histoire ? Est-ce que vous envisagez une beta-lecture ? Pour moi, le manuscrit est retravaillé plusieurs fois. Je fais d’abord une révision sur mon premier jet : je n’aime pas envoyer une version entièrement brute. Je veux que l’éditrice découvre une version déjà solide de mon histoire…

Pour Apitoxine, j’ai donc envoyé déjà une version 2 : un manuscrit retravaillé dans lequel les chapitres étaient enfin dans l’ordre… Le retravail se poursuit avec la maison d’édition : j’ai intégré les remarques très conséquentes de mon éditrice dans une version 3, puis de petits détails de peaufinage dans une version 4. Lorsque vous découvrez un roman, vous pouvez imaginer que l’auteurice a planché un certain temps dessus !

7. Tourner la page (oui, c’est un jeu de mot).

« Et si c’est comme je l’ai rêvé, que se passera-t-il après ?
– Une chose passionnante. Vous devrez trouver un nouveau rêve. »

Commentez si vous savez d’où vient ce petit bout de dialogue… Et oui, finir d’écrire un roman, ce n’est pas la fin de l’histoire. Que votre roman trouve sa place en maison d’édition ou pas ; qu’il attende au fond d’un dossier (mais toujours bien sauvegardé) ou que vous l’imprimiez pour le voir en vrai, que vous choisissiez l’auto-édition ou de le relier maison pour l’offrir à vos proches… Il faut savoir, lorsqu’on écrit un roman, que c’est une aventure à durée limitée. Si vous avez réussi à publier votre livre, l’histoire qui était dans votre tête et les personnages qui n’existaient que pour vous vont peupler l’imagination d’autres personnes… et vous échapper. J’espère que vous pourrez vous en réjouir ! Et si vous cherchez une maison d’édition, commencez quand même à penser à votre prochaine histoire, je suis certaine que vous avez encore mille aventures à raconter.

Sur ce, je vous laisse : pendant qu’Apitoxine est sur le point d’être imprimé, il y a d’autres personnages que je dois aller retrouver !

Apitoxine Mélody Gornet Jonathan Ghodsi Futur Radieux