C’est une question que l’on me pose souvent dans les interviews ou quand je fais des rencontres. Pourquoi est-ce que j’ai choisi d’écrire des livres pour ado ? Tout Revivre et les Filles du Nord peuvent se lire à partir de 12 ans, Apitoxine dès 14 ans, Citron à partir de 15 ans… C’est donc un point commun entre tous mes livres publiés. Et vous allez voir que la réponse est à la fois très simple, mais aussi engagée. Mais avant que je ne vous dise tout, si vous avez votre petite idée de pourquoi j’écris surtout des livres pour ado, dites-le moi en commentaire !
En fait, perso, je lis surtout des livres pour ado
C’est la première raison et la plus facile : la littérature jeunesse est ma préférée, principalement l’âge adolescent. J’aime le fait que ces livres m’ont attirée puis maintenue dans l’univers de la lecture, j’aime leur côté romanesque, exalté ! J’aime les livres pour ado qui s’adressent aux lecteurices sans condescendance, qui vont droit au but. En général, dans la littérature jeunesse et ado, on évite de passer 100 pages en digressions (genre sur la bataille de Waterloo, t’as la ref?). D’ailleurs, on fait honneur au format court aussi ! Si vous avez déjà eu une panne de lecture importante, les livres pour ado peuvent vous en sortir, alors laissez-vous emporter : )
C’est dans les livres pour ado qu’on trouve les sujets qui m’intéressent
Dans cette littérature, les ouvrages que je préfère sont ceux qui marquent. Un de mes romans préférés, le Jeu de la Mort (David Almond) parle de la peur de la mort, l’envie de grandir, la maltraitance, la recherche de nos racines, notre connexion avec le passé, avec nos ancêtres. Et, convention littéraire des livres pour ados, on aborde cela sans tabou, sans donner de leçons. L’auteurice raconte et montre ; l’ado réfléchit et se positionne. Pour beaucoup, c’est quand on était ados qu’on a connu nos plus profonds chamboulements. L’image de « l’adulte qui a tout compris » ne me plaît pas. L’humilité, les questionnements et la passion qu’on a dans les livres pour ados, c’est ça que j’aime.
Écrire pour les ados c’est avoir le public le plus exigeant
Il y a deux semaines j’ai participé au Livrodrome (le meilleur salon littéraire du pays), à Tulle en Corrèze. Le club de lecture de la librairie Chantepages m’a interviewée sur la radio locale Bram’fm, et on a parlé de mon roman Apitoxine. Et ces jeunes ont confirmé ma certitude : les livres pour ado touchent un public exigeant, qui savent ce qu’iels veulent et ne veulent pas ! Avec les ados qui lisent mes livres j’ai les retours les plus pointus et sincères, que cela soit pendant les rencontres ou sur les réseaux sociaux, grâce à Bookstagram / Instagram par exemple. Pouvoir échanger à bâtons rompus avec des lecteurices qui n’ont pas une vision savante (ou élitiste) de la littérature, c’est franchement frais.
Le marché des livres pour ado bouge, et vite
Qui réclame de la représentation ? Qui exige des personnages racisé.e.s, handicapé.e.s, LGBTQIA+, neuroatypiques, … ? D’accord, pas seulement les jeunes. Mais le fait est que c’est vers les collections qui leur sont destinées, c’est dans les livres pour ado qu’on trouve ces représentations le plus facilement. Il ne faut pas oublier qu’historiquement, la littérature jeunesse est assez récente. Avant les années 1990, les livres pour ado existaient bien sûr, mais le choix était plus restreint. (Résultat, comme plein de jeunes de ma génération, on m’a fait lire le Poney Rouge à l’école. Comme si la présence d’un poney rendait ce roman de Steinbeck moins horriblement traumatisant). En conséquence, c’est un marché littéraire où les habitudes ne sont pas encore ancrées, où de nouvelles catégories surgissent (le Young Adult par exemple) ! Et donc, un marché où l’innovation a plus de chances de s’incruster. Chez Thierry Magnier, la maison qui m’édite, l’équipe prend le risque de publier des livres différents. Jusqu’à créer la collection l’Ardeur (où se trouve Citron)… Et ça, j’adore.
Je peux rencontrer facilement celleux qui me lisent
Un avantage incroyable dans l’écriture de livres pour ado : rencontrer celleux qui me lisent est assez facile (et plutôt sympa!). Grâce aux actions comme les Masterclass d’auteur Pass Culture par le CNL, aux professeurs documentalistes et professeurs de lettres… Je suis parfois invitée à organiser des ateliers d’écriture, ou à découvrir les projets créatifs des élèves. J’aurais rêvé de rencontrer un.e auteur.ice quand j’étais ado alors ces moments sont un immense plaisir ! Qu’il s’agisse de rencontres scolaires ou de salons du livre, je suis toujours très heureuse et j’espère être à la hauteur de cet honneur <3
Et enfin… Des livres pour ado seulement ? Ben, pas vraiment. Mon but ce n’est pas d’écrire des livres qui ne peuvent être lus que par des ados : pour moi, un bon livre pour ado, on peut aussi le lire adulte ! Et ça a plein d’avantages : partager quelque chose avec les jeunes qu’on connaît, renouer avec son ado intérieur, se remettre en question, continuer de grandir… C’est tout ce que je souhaite à mes lecteur.ices.