Avant que les éditions Thierry Magnier ne soient intéressées par mon premier roman publié, Tout Revivre, j’avais déjà tenté l’envoi d’un autre manuscrit à plusieurs maisons d’édition. Il s’agissait d’un roman de space opéra (mais sans l’espace), dystopique, légèrement steampunk, inconsciemment inspiré d’un épisode de Galaxy Express qui m’avait marquée très petite. Bon. Mon manuscrit a été refusé par la douzaine de maisons d’éditions à qui je l’ai proposé.
Cette aventure m’a donné l’occasion de réfléchir et aussi d’échanger avec de nombreuses personnes pour parler de l’envoi de manuscrits… Dans ce petit guide subjectif, je rassemble les conseils que je donnerais aujourd’hui à toute personne tendant l’aventure de l’édition traditionnelle. Il n’est basé que sur mon expérience, des discussions eues avec des professionnels de l’édition, des auteurs et des autrices, des amis et des amies… Les us et coutumes changent très vite, n’hésitez pas à compléter cet avis par vos commentaires !
Comprendre la ligne éditoriale : la clé pour envoyer son manuscrit
La ligne éditoriale d’une maison d’édition, ou d’une collection, est la description des livres que l’on va y trouver. Comprendre ce principe et repérer les lignes éditoriales les plus en accord avec votre roman est, selon moi, ce qui aura le plus grand impact sur votre recherche !
Les critères de la ligne éditoriale sont multiples. Ils peuvent correspondre à l’âge d’un public : maisons d’édition jeunesse, ado, young adult, adulte… À un genre particulier : science-fiction, fantasy, thriller, roman psychologique, romance… Outre ces éléments de base, certaines maisons d’édition se distinguent par des engagements, comme la représentation de personnages LGBTQIA+, par exemple.
Ainsi, si vous avez écrit un premier roman young adult dystopique polyphonique, vous n’aurez probablement que peu de succès en l’envoyant à une maison d’édition qui publie essentiellement du polar. Cela semble logique comme ça, mais c’est loin d’être systématiquement pris en compte !
Bien sûr, vous ne connaissez pas toutes les lignes éditoriales de toutes les maisons d’édition qui soient. C’est normal ! Alors n’hésitez pas à effectuer vos recherches, à faire preuve de curiosité. Vous pouvez par exemple parler de votre projet à un.e libraire ou bibliothécaire et explorer les livres qui ressemblent au vôtre. Ou partir des maisons d’édition que vous connaissez déjà, des romans que vous aimez lire. En vous questionnant sur le monde du livre, les romans publiés et leur ligne éditoriale, vous apprendrez vite ces réflexes d’analyse !
L’envoi d’un manuscrit en maison d’édition : le plus long, c’est d’attendre
Vous êtes prêt.e à sauter le pas et à présenter votre premier roman ? Une fois que vous avez repéré les maisons d’édition dont la ligne éditoriale correspond à votre projet, renseignez-vous sur les conditions d’envoi d’un manuscrit. En général, ces informations sont disponibles sur le site de la maison d’édition. À quelle période envoyer son roman ? Sont-ils acceptés toute l’année ou seulement ponctuellement ? La maison d’édition souhaite-t-elle un envoi papier, ou numérique ? Quel est le format privilégié ? Devez-vous joindre un synopsis ? Seulement le premier chapitre ? Prendre le temps de chercher ces indications et de s’y plier, c’est aussi montrer votre respect pour le temps qui sera consacré à la lecture de votre livre.
Si vous envisagez d’envoyer votre manuscrit de manière physique, sous forme de tapuscrit, prenez en compte dans votre projet le coût de l’envoi et de l’impression de votre roman. Cela peut rapidement coûter cher… Assurez-vous aussi – là, je parle d’expérience, mais c’est une histoire pour une prochaine fois – que vos coordonnées figurent sur votre manuscrit.
Enfin, préparez-vous à attendre. Le délai de réponse des maisons d’édition après l’envoi d’un manuscrit peut varier. Parfois, il s’agit de quelques semaines, mais le plus souvent, cela prend plusieurs mois. Rappelez-vous que le travail des éditeurs et éditrices ne se cantonne pas à la lecture des nouveaux manuscrits ! Les livres et futurs livres de leur catalogue ont souvent la priorité dans leur organisation, et c’est compréhensible.
La réponse de la maison d’édition après l’envoi du manuscrit
Si la réponse est oui, félicitations ! Et croyez-moi, ce n’est pas la fin du voyage. L’aventure de l’édition commence, et c’est un véritable partenariat entre l’éditeur ou l’éditrice, et vous. Profitez de votre chance et de votre succès, mais n’en oubliez pas vos objectifs, et gardez toujours du recul sur votre collaboration : c’est un partenariat professionnel dont il est question.
Il arrive que la réponse soit « ni oui, ni non ». Votre roman intéresse la maison d’édition, mais pas sous sa forme actuelle, par exemple. Dans ce cas, à vous de voir ensemble s’il vous est possible de le retravailler dans la direction demandée, ou si vos idées sur ce projet de livre ne sont pas compatibles.
Quand la réponse est négative, ce n’est pas la fin non plus ! Si vous avez reçu une lettre de refus de la maison d’édition et qu’elle est argumentée, tenez compte de ce retour pour vous améliorer, pour comprendre ce qui n’a pas marché avec votre roman. Toute critique constructive mérite d’être envisagée.
Rebondir quand un manuscrit a été refusé en maison d’édition
Après une lettre de refus, je pense qu’il y a trois façons de voir les choses. On peut améliorer son manuscrit : en progressant sur son style d’écriture ou la construction de son histoire, elle sera peut-être plus adaptée aux maisons d’édition visées. Parfois, c’est l’avis de quelqu’un d’autre qui est nécessaire pour que l’on prenne du recul et qu’on améliore son roman. On peut aussi continuer à chercher : il y a 10 000 maisons d’édition en France, vous n’avez pas encore fait le tour, c’est certain ! Enfin, on peut changer de projet : au vu de l’attente quand on envoie son manuscrit, je pense qu’en tous les cas, on ne perd rien à continuer d’écrire. Alors si le premier roman ne passe pas, ce sera peut-être le cas du deuxième !
Je n’ai pas parlé ici de l’auto-édition : c’est, selon moi, un choix que l’on fait à part entière, et pas une solution « par dépit » suite au refus d’un manuscrit… Donc pas le sujet de cet article.
Pour finir, même si le chemin vers la publication est ardu, je pense que l’on a de la chance aujourd’hui d’avoir un accès facile aux informations des maisons d’édition sur leur site internet. Envoyer un manuscrit est aussi moins cher quand on peut le faire par voie numérique… Et grâce aux forums, blogs et réseaux sociaux, on peut discuter et partager ses expériences, ou trouver facilement des bêta-lecteurs. Comprendre les ficelles du métier d’éditeur ou éditrice, et l’économie du livre, c’est un atout indéniable dans cette recherche de publication. N’hésitez pas à apporter votre point de vue sur la question en commentaires, je suis curieuse de les lire !