Cinq gros freins à l’écriture… que tu as appris à l’école
Cinq gros freins à l’écriture… que tu as appris à l’école

Cinq gros freins à l’écriture… que tu as appris à l’école

Il y a 5 leçons qu’on donne à l’école et qui sont d’énormes freins à l’écriture et à la créativité.

Attention, avant toute chose : j’ai un immense respect pour les profs et si vous en êtes, je vous remercie pour l’engagement dont vous faites preuve chaque jour. Je suis très critique envers notre système scolaire, mais j’ai conscience de la chance que j’ai eu avec ce qu’il m’a appris.
Et puis la première fois qu’on m’a encouragée à écrire c’était dans mon cahier de rédaction, alors vraiment, je dis pas ça pour noircir le tableau (badum tss) mais pour inviter tout le monde à déconstruire ces croyances, si elles vous freinent aujourd’hui.

Frein à l’écriture numéro 1 : « Un bon texte est un texte sans fautes »

Est-ce que ta rédaction perdait des points quand tu faisais des fautes d’orthographe ou de conjugaison ? Est-ce que tu as perdu le goût d’écrire parce qu’on te reprochait ton orthographe ?

Quand on galère avec l’orthographe, ça peut se traduire en des années de dévalorisation quotidienne, et c’est franchement douloureux de s’en affranchir. C’est un frein important. Je sais que beaucoup de personnes que j’aurais adoré lire se sont éloignées de l’écriture par peur du jugement sur leurs fautes… Si vous ne me croyez pas, regardez le nombre de personnes qui prennent position en ligne, et le nombre de commentaires qui s’attaquent plutôt à leur orthographe qu’à leurs arguments.

Moi-même, pendant longtemps, parce que j’ai des facilités avec l’orthographe, je me suis mise dans cette posture où je soulignais les fautes des autres. J’ai décidé d’arrêter (c’est une habitude qu’on peut perdre) et de ne plus faire de l’orthographe un critère de lecture. J’ai vraiment ouvert mes horizons comme ça !

Frein à l’écriture numéro 2 : « Les temps du récit, c’est le passé simple et l’imparfait »

Traduction : « Comme ça, au lieu de t’encourager à écrire des histoires, on se concentrera sur les « s » que tu mets en trop et on se marrera bien quand tu diras « il mettit son manteau ». C’est pas le plus important mais c’est plus facile que féliciter tout le monde ! »

La conjugaison française est difficile à appréhender et à maîtriser. J’adore lire un bon livre bien épique au passé simple. Et j’adore lire un bon livre au présent, dynamique et léger. Ne te laisse pas freiner par ces règles d’écriture : écris aux temps qu’il te plaît, fais-toi aider sur la concordance des temps si tu galères, mais ne te force pas à utiliser une langue qui ne te ressemble pas vraiment !

Frein à l’écriture numéro 3 : « Il faut éviter le verlan, le franglais, l’argot, le patois »

Je grimace toujours quand j’entends l’expression « c’est pas français, ça ». Le français est parlé sur les 5 continents, qui es-tu pour décider à la place de ses 300 millions de locuteurs ?

Pour moi, les vrais enjeux ne se situent pas dans le « correct ou incorrect » mais dans la cohérence. Utiliser une expression plutôt qu’une autre, ça se réfléchit, et connaître l’origine d’un patois ou d’un argot c’est intéressant pour les placer correctement. Victor Hugo consacre des pages et des pages à l’argot dans les Misérables, les livres Gagner la Guerre (Jaworski) et la Horde du Contrevent (Damasio) font la part belle à l’argot et au largonji (jargon), et Aya Nakamura, l’artiste française la plus streamée sur Spotify, répondrait « baby je dead ça ».

Bref, ne limite pas ta connaissance du français à la langue écrite et validée par l’Académie. Vois plus loin que ça.

Frein à l’écriture numéro 4 : « Il y a des règles. Ne fais pas n’importe quoi ! »

Alors, oui, pour avoir une bonne note, il faut respecter les consignes. Pour découvrir l’écriture, ça peut être une bonne idée de suivre un schéma narratif, des règles de conduite, d’utiliser une structure poétique déjà existante… Mais ça n’a rien de nécessaire !
Je pense que bien connaître les règles permet de les suivre (ou de les contourner) en toute conscience et avec esprit critique. Pour autant, s’en affranchir ou les ignorer totalement, ça ne condamne pas du tout tes écrits. Là encore, pour moi, le plus important n’est pas de faire les choses de façon « correcte » mais plutôt de façon cohérente. Si je perçois, en tant que lectrice, que tout a été choisi au hasard, je risque de me sentir perdue. Mais si le récit transgresse les règles, ça me va !

Frein à l’écriture numéro 5 : « La littérature, c’est du sérieux »

Je galère encore avec cette idée-là.
Dans les définitions de « sérieux » on a « qui ne rit pas, ne manifeste aucune gaieté » et aussi « raisonnable ».

Je sais que les choses sont en plein changement là-dessus, mais quand on m’a parlé de littérature à l’école, on tenait à peine compte de l’existence de la fantasy, des mangas, des bandes dessinées… j’ai longtemps étudié les livres seulement sous le prisme des « classiques » (tels qu’ils sont vus par l’Académie, là aussi). C’est quelque chose qui a beaucoup faussé ma vision de la littérature et de la qualité littéraire, qui a nourri mon syndrome de l’imposteur plus d’une fois, aussi…

Est-ce que la littérature, c’est important ? Oui. C’est essentiel.
Mais est-ce que ça doit être sérieux ? Je pense que ce n’est pas obligatoire.

Et toi, qu’est-ce qui t’empêche d’écrire ? Est-ce que ce sont tes croyances apprises, ou peut-être ta critique interne qui te décourage ?

2 commentaires

  1. Tatie Flo

    Ado, j’écrivais pas mal de poèmes. Ils ne devaient pas être trop mal puisque ma prof de français en avait choisi un pour le faire apprendre à mes camarades de classe. Mais l’eau a coulé sous les ponts et… plus rien.
    Aujourd’hui, quand je te lis (bouquins, blog, …), une part de moi relève la tête et se dit : « et si… ». Alors, un jour, peut-être, je reprendrai la plume et je me laisserai aller de nouveau à ce plaisir aussi sensuel qu’intellectuel. Merci pour ce sursaut d’envie que tu fais renaître en moi !

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