Pourquoi Intuition Nexus, mon prochain roman, parle de jeux vidéo
Pourquoi Intuition Nexus, mon prochain roman, parle de jeux vidéo

Pourquoi Intuition Nexus, mon prochain roman, parle de jeux vidéo

Il sort le 15 mai, c’est mon cinquième roman publié : Intuition Nexus ! À mes yeux il est tout spécial et différent des autres <3. Je pense que ça ne vous aura pas échappé : mes trois premiers romans sont des romans initiatiques. Leur intrigue se déroule dans notre monde.

Avec Intuition Nexus, je me (re)lance dans de l’anticipation : l’intrigue se passe en 2037. Notre société a eu l’évolution pessimiste : réchauffement climatique, enrichissement des plus riches et exploitation des plus pauvres… De grandes entreprises recueillent et exploitent nos données personnelles pour maintenir leur hégémonie (hein, quoi, c’est déjà le cas ?). Mais dans les bonnes nouvelles : la réalité virtuelle (ou VR) a tellement innové qu’elle est répandue partout, y compris les jeux vidéo. On peut aller jusqu’à projeter notre propre imagination en VR : c’est le programme que vient d’inventer Spider. Grâce à un jeu vidéo coopératif, quatre personnages tentent d’influencer la santé mentale des individus qui y participent. Sauf que ce qu’ils ont créé risque de les dépasser…

Intuition Nexus : la dystopie, les jeux vidéo et pas de filet

Si je dis qu’Intuition Nexus est un projet spécial, c’est aussi parce que pendant que je l’écrivais, je me disais que mon éditeur risquait de ne pas vouloir le publier. Même si les éditions Thierry Magnier ont quelques titres de science-fiction (comme les Nuées, de Nathalie Bernard) ou de dystopie (les Porteurs, C. Kueva), ce n’est pas le cœur de leur ligne éditoriale. (Et la ligne éditoriale est essentielle quand on va vers la publication !).

Surtout, je n’avais pas envie de me limiter : en faisant un livre qui parle des jeux vidéo, j’étais bien décidée à utiliser tout le jargon des gamers que j’aurais à ma disposition. Si, en tant que heal, tu n’as jamais call aux DPS de mieux viser leurs AoE pour que le tank n’ait pas à greed, tu vas peut-être voir ce que je veux dire en commençant mon roman.

On m’avait offert Rivage au rapport (Quentin Leclerc) pour mes 30 ans. C’est un thriller incroyable dont une bonne partie se passe… sur Minecraft (incroyable je vous dis !). (Les éditions de l’Ogre : BG). C’est ce qui m’a donné envie d’écrire Intuition Nexus. Et quand j’ai eu terminé de travailler des mois toute seule sur mon manuscrit, que j’attendais anxieusement un avis de mon éditrice, c’est lire Ainsi parlait Nanabozo (Fabrice Vigne) qui m’a redonné le sourire : oui, il y a des romans au style complètement barré chez Thierry Magnier aussi :D. Alors grande chance et grand soulagement : mon éditrice, Charline Vanderpoorte, m’a annoncé qu’elle avait aimé ce projet et qu’elle était prête à le défendre. J’ai beaucoup de gratitude pour toute l’équipe de ma maison d’édition <3

Genre les livres et les jeux vidéo ça n’a rien à voir ?

J’ai l’impression qu’on a parfois un peu cette image : « il y a un fossé entre la littérature et les jeux vidéo ». Il y a aussi de gros préjugés envers le jeu vidéo, quand on ne connaît pas… Alors qu’aujourd’hui c’est la première industrie du divertissement. Et pour écrire (certains) bons jeux vidéo il faut de bons auteurices.

La trilogie Mass Effect, pour ne citer qu’elle, m’a fait à peu près le même effet que tout le cycle de l’Assassin Royal : des mois et des mois d’intrigue et d’engagement émotionnel qui me marqueront pour le reste de ma vie. Vraiment, la seule raison pour laquelle je n’ai plus des flashbacks de Mass Effect à des moments random de la journée, c’est parce que j’ai passé l’été 2023 à jouer à Baldur’s Gate 3. Les répliques d’Astarion et Karlach ont remplacé les calibrages de Garrus et les œillades de Liara. Une fois qu’on se penche sur l’intérêt de l’écriture dans le jeu vidéo (et l’intérêt du jeu dans l’écriture) on peut y passer un long moment…

Le jeu vidéo dans mes romans ça ne date pas d’hier : )

C’est seulement que jusqu’ici c’était plus discret. J’ai vraiment toujours été une geekette, les souvenirs des Tortues ninja sur Nintendo (désastreux haha), notre première SEGA (dont le destin sera tu), aux heures passées sur Baldur’s Gate : Dark Alliance (le premier jeu que j’ai fini), le moment inoubliable où j’ai vaincu Sonic the Hedgehog (ça m’a pris huit ans hein)…

Quand j’ai écrit les Filles du Nord, j’ai eu beaucoup de mal à me motiver à reprendre le roman. Il était écrit à la main (il fallait tout recopier), je n’étais pas sûre de moi… C’est jouer à Life is Strange qui m’a donné le déclic pour le recopier et le travailler. Les scènes de ce jeu, le lien entre Max Caulfield et Chloé Price <3. J’avais envie d’écrire et de publier un roman qui aurait ces émotions-là. D’ailleurs, j’avais décroché de Life is Strange à ma première tentative, et je me suis remise à ce jeu parce que quelqu’un m’a dit « ça me fait penser à ton univers d’écriture ». Comme quoi !

Plus discrète, il y a aussi l’influence du jeu vidéo sur Apitoxine. Le titre de mon quatrième roman est le nom du venin d’abeille. C’est à la fois une métaphore pour les secrets de famille qui empoisonnent nos relations, mais aussi un symbole d’auto-défense (les abeilles ne piquent que si elles se sentent en danger), le féminisme (les sociétés des abeilles), l’écologie…

Les abeilles ne sont pas centrales à l’enquête d’Apitoxine mais elles sont un thème essentiel grâce à Maëlle, le personnage passionné d’apiculture. Et pendant que j’imaginais Apitoxine, je jouais énormément à Valheim. Dans cet équivalent viking d’un purgatoire, où on doit prouver sa valeur à Odin pour accéder au Valhalla, on peut récupérer de petites abeilles et faire des ruches. Et si on va voir les ruches, on a ce message : « Les abeilles sont heureuses » (The bees are happy). Iconique de Valheim (où je passe plus de temps à construire des ruches qu’à vaincre les monstres, vous avez bien suivi).

Une compétition de jeux vidéo qui m’a fait le déclic pour écrire mon livre

Petite anecdote que je trouve chouette ! Le roman dont je parle au-dessus, Rivage au rapport, m’avait déjà donné très envie d’écrire Intuition Nexus. Mais je ne savais pas encore comment j’allais m’y prendre. Le même automne, j’ai participé à une compétition… de jeu vidéo ! Le MMORPG (meuporg pour les intimes) auquel je jouais à ce moment-là, Guild Wars 2, n’est pas un jeu très compétitif. Et justement, je n’aime pas trop les jeux qui se prêtent en général à la compétition. Valorant, Fortnite, League of legends, c’est pas ma vibe.

Là, il y avait un tournoi de speedrun (compléter un niveau le plus rapidement possible) sur lequel il y avait très peu d’équipes. Alors on s’est laissés tenter. On était cinq, on s’est entraînés (très peu), on s’est fait éclater (mais je crois qu’on a quand même gagné UN duel sur les cinq qui nous ont été proposés xD). De ce week-end je retiens deux choses : déjà le fait que c’était TROP COOL de participer à une compétition (même si on n’avait pas le niveau). S’entraîner, c’était très fun. Regarder les équipes se disputer le prix, encore plus intéressant. On a beaucoup appris sur le jeu.

La deuxième chose c’est à quel point ce type d’événement est intense. Je ne doutais pas que le e-sport soit bien un sport… Surtout si la pêche et les échecs en sont, pourquoi pas les jeux ? Mais là je l’ai expérimenté de près. La stratégie d’équipe, la tension, l’affrontement… Bref il y avait de quoi en faire UN LIVRE. En bonus je vous montre le trailer de cette compétition, je l’ai regardé des dizaines de fois. Je m’en lasse pas. Il traduit bien ce que je veux dire : ).

Autrice de livres : je veux ma place dans les jeux vidéo !

« Ah bon Madame vous jouez aux jeux vidéo ? » C’est ça, la réaction des élèves quand je vais dans les classes. J’ADORE pouvoir leur dire que je joue aux jeux vidéo, déjà parce que j’adore ça (on commence à l’avoir compris). Mais aussi parce que ça les surprend. C’est peut-être parce que je suis une adulte, peut-être parce que j’écris des livres… Peut-être parce que je suis une autrice.

On a toustes en tête le stéréotype selon lequel les jeux vidéo sont réservés aux garçons. Et des anecdotes de filles qui ne parlent pas en vocal sur les FPS pour ne pas se faire insulter. Il y a beaucoup de toxicité et de sexisme dans certains milieux du jeu vidéo, mais vraiment pas partout. D’ailleurs, 1 gamer sur 5 se dit queer ou LGBTQ, vous saviez ? Le jeu vidéo c’est comme la littérature ou le cinéma. On peut y trouver le pire du sexisme (le fameux « Lara Croft est en troisième personne pour que le joueur puisse regarder ses fesses »). On peut aussi y voir des artistes revendiquer le progrès social et le changement des mentalités :).

Les jeux vidéo sont pour tout le monde comme les livres sont pour tout le monde. Je voulais répondre à cette surprise et cet intérêt que j’ai vu chez les élèves. Alors je suis trop contente d’avoir écrit un livre sur les jeux vidéo !

Le jeu vidéo et la santé mentale (du moins la mienne)

Une dernière chose sur laquelle je n’ai pas encore développé : la santé mentale est aussi un thème essentiel d’Intuition Nexus. (Mais cet article va bientôt faire 2000 mots, alors on en parlera une autre fois, peut-être x)).

Quand on parle de jeux vidéo on pense souvent aux gros titres des journaux sur « l’addiction aux jeux vidéo ». Et bien entendu, quand le gaming devient une addiction il faut réagir. (De la même façon qu’on doit se méfier de l’addiction au shopping, au porno et au café, hein). Mais le jeu vidéo ça peut aussi être un super outil de soutien pour la santé mentale, si on s’en sert bien.

Dans Intuition Nexus je vous parle brièvement des expériences (réelles !) menées sur le stress post-traumatique grâce à Tetris. Je fais aussi une référence indirecte à l’échappatoire dont on a toustes besoin : pendant le confinement, les jeux vidéo ont sauvé pas mal de monde. Personnellement, c’est aussi grâce aux jeux vidéo que j’ai réussi à apprendre à me poser. Ne pas être tout le temps sur des charbons ardents : je dis merci Guild Wars 2 haha.

Ecrire sur les jeux vidéo c’est donc dans la continuité des raisons pour lesquelles j’écris des livres pour ados. D’ailleurs, une youtubeuse que j’aime beaucoup dit « les livres sauvent des vies, continuez à lire » (books save lives, keep reading). Le jeu vidéo aussi. L’évasion, l’exploration, le lien humain, les projets ensemble, la créativité, la communauté qu’on peut y trouver… Alors vous aussi, continuez à jouer !

Un commentaire

  1. Florence Bontems

    Eh bien… je suis agréablement scotchée par toutes ces précisions. Merci !
    P.S : depuis mon accident, les jeux vidéo me permettent de tester mes facultés cognitives et leur évolution (à moins que ce ne soit qu’un prétexte !? 😉 )

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