#tuto, #DIY, #booktok. Ne fuis pas devant ces mots absents de la Recherche du temps perdu, et si comme moi tu aimes les beaux livres… (Mais pas assez pour investir dans la Recherche du temps perdu collection la Pléiade…) Alors sors tes pinceaux et continue cet article !
Booktok, les éditions collector et la course à la plus belle bibliothèque
Si vous n’êtes pas régulièrement sur Tiktok (ou que vous l’êtes, mais pas côté Booktok), je vous fais un topo rapide. Booktok, c’est le Tiktok des livres (jusqu’ici, tout va bien). On y trouve un peu de tout : des critiques littéraires, des communautés de fans qui parlent surtout d’un roman… C’est d’ailleurs grâce à un post sur Tiktok que j’ai découvert la dark romance Troublemaker.
Les créateurices partagent et reprennent des codes propres au Booktok : se filmer dans sa chambre, devant sa bibliothèque, joliment mise en scène. Idéalement, montrer une grande collection de livres. Même si j’ai vu plusieurs personnes rappeler qu’on peut « faire partie du booktok » avec un petit budget, le contenu qui fonctionne est aussi celui de l’abondance. Unboxing (déballage) de livres, bookhaul (présentation de nos derniers achats), calculer la valeur astronomique du contenu de sa bibliothèque… Booktok, c’est aussi le temple de la consommation du livre, pour le meilleur et pour le pire.
Les mauvais côtés sont nombreux et vous n’avez pas besoin de moi pour les trouver (si ?). Parmi les bons côtés, il y a, je trouve, une revalorisation de la lecture. Pour quelqu’un qui a grandi avec l’étiquette de « la fille bizarre qui a toujours le nez dans un livre », c’est assez cool de voir des jeunes se faire des ami.e.s autour de la lecture ! Cette valorisation va aussi avec une désacralisation : pas besoin de lire des romans prestigieux ou des classiques pour poster sur Booktok. Il y a aussi des trends (tendances) véhiculées par Booktok : ranger sa bibliothèque selon les couleurs de l’arc en ciel (j’adore). Enfin, booktok a relancé des trucs un peu oubliés par l’édition, notamment : les jaspages (c’est quand la tranche du livre est peinte et toute jolie).
Pour que l’art reste fun et accessible : mon petit projet de jaspages
Au début et comme tout le monde, je pensais que le jaspage était réservé aux éditions collector. Je bavais un peu dessus, sans craquer parce que je suis plutôt du genre à lire les livres de la bibliothèque, ceux de la boîte à livres, ceux qu’on me prête/donne et ceux qui coûtent 1€ en braderie. L’esthétique de ma bibliothèque rappelle une caisse du marché aux livres le dimanche et j’assume, j’ai déménagé trop souvent pour accumuler des pavés. (J’achète des livres neufs, en librairie indépendante, surtout pour faire des cadeaux <3).
Puis j’ai vu cette vidéo d’Audrey du Souffle des mots (LA chaîne de littérature jeunesse et young adult sur Booktube – la partie littéraire de Youtube). Avec Juliette de Instabookeuse, elles font des jaspages maison, et ça avait l’air tellement fun ! J’ai travaillé 10 ans en tant qu’animatrice et directrice de colo : quand je vois une activité manuelle qui demande peu de matériel, je me lance.
Sauf que je ne savais pas par quel livre commencer. C’est là que j’ai eu une idée de génie : j’avais vu que certains de mes romans étaient à vendre sur des sites de seconde main. (Quoi, tu googles pas ton nom sur Momox toi ?). La rémunération des auteurices via les achats de livres d’occasion fait débat en ce moment, pour vous la faire courte : l’auteurice ne touche rien sur la vente de son livre d’occasion (c’est aussi simple que ça).
Alors je me suis dit que j’allais racheter mes propres livres (MDR oui). Et peindre dessus. Et les relâcher dans la nature, dans un lieu que j’adore visiter : les boîtes à livres. Les boîtes à livres, c’est un truc absolument improbable qui a fleuri un peu partout et qui continue à fonctionner. C’est basé sur le don, la confiance, l’autogestion, la gratuité, la circulation libre des biens et des savoirs. Bref, c’est un peu la seule expérience altermondialiste que vivent MÊME les gens qui n’en ont absolument rien à faire de la moindre lutte sociale. Pour toutes ces raisons, j’adore les boîtes à livres, et ça faisait énormément de sens pour moi d’inscrire ce petit projet artistique dans leur circuit discret et fascinant.
Comment faire un jaspage sur ses livres ? Le tuto dont vous n’avez pas besoin
Non vraiment, vous n’avez pas besoin de suivre mon tuto à moi, parce que j’ai fait ça à l’arrache. J’avais pas envie d’investir dans du matériel, je voulais juste peindre. Et tenter des trucs. Donc si vous voulez faire ça proprement et que vous savez où trouver des serre-joints, tapez « tuto jaspage de livres » sur Google et éclatez-vous. Sinon, voilà une méthode qui m’a paru good enough !
D’abord, j’ai peint le bord des livres en essayant de ne pas en mettre partout. J’utilise de la peinture acrylique (parce que c’est ce que j’avais sous la main) et des pinceaux plats (pour la même raison). J’ai essuyé les traces que j’avais quand même faites partout.
Puis, juste avant que la peinture ne sèche, j’ai « cassé » la pellicule de couleur en tirant les pages de droite et de gauche, histoire qu’elles ne collent pas.
J’ai ajouté des détails avec des marqueurs à base de peinture (type Poscas) : très pratiques. Pour les plus petits détails, j’ai utilisé des stylos (ceux que j’avais sous la main). J’ai continué à casser la pellicule de peinture régulièrement (c’est très satisfaisant).
Ma touche perso : j’ai rajouté une dédicace et un lien vers mon blog. Je précise que vous avez le droit d’écrire dans les livres même si vous n’êtes pas l’auteurice, faites-vous plaisir. Et puis j’ai utilisé le tampon d’embossage que m’a offert Elisa pour encore plus de classe <3.
Bonus : que faire de son livre jaspé ? Suivez le destin de mes petits projets
D’abord, si tu es arrivé.e ici parce que tu as trouvé mon livre jaspé quelque-part, OMG fais-moi signe je serais tellement HEUREUSE de connaître son destin hihi.
Mais sinon, trêve de discussion : voilà mes petits livres dans la nature, avec les autres, dans ces îlots de gratuité qui me sont si chers. Laissez votre créativité s’exprimer, amusez-vous et partagez, c’est toujours ça de pris !
Si vous voulez en savoir plus sur Intuition Nexus, mon dernier roman, et pourquoi j’ai dessiné des tentacules sur son jaspage, j’en parle dans cet article.
